Chapitre 8

 

Il ne me vint à l’esprit qu’une demi-heure après le départ de Brian, alors que j’étais encore en train d’enrager, que Lugh ne s’était pas du tout mêlé de notre petite discussion. Il est vrai que Lugh n’intervenait pas toujours dans nos disputes, mais il me semblait que cette conversation en particulier comportait un certain enjeu pour lui. Ce n’était pas son genre de ne pas donner son avis.

Je patientai quelques secondes après cette surprenante prise de conscience, m’attendant que Lugh réponde à mes pensées, mais il n’en fut rien.

— Qu’est-ce que signifie ce silence ? demandai-je. (À ma grande surprise, il resta muet.) Lugh ? Allô ?

Toujours rien.

Tout au début, Lugh n’avait été en mesure de communiquer avec moi qu’au travers de mes rêves. Puis il avait progressé jusqu’à pouvoir s’adresser à moi lorsque j’étais très stressée et que mes barrières mentales étaient affaiblies. Finalement, nous étions parvenus à un stade où plus aucun obstacle ne se dressait entre nous et il me parlait chaque fois qu’il le voulait. Je m’y étais tellement habituée que ce silence soudain était étrangement déstabilisant.

Mes barrières étaient-elles réapparues ? Lugh n’avait peut-être pas envie de parler ? Ou bien quelque chose n’allait pas ? L’inquiétude me poignarda. Je ne pouvais imaginer quelles étaient les raisons de son mutisme mais, puisque rien entre nous ne ressemblait à la relation standard entre un démon et son hôte, qui savait ce qui pouvait se passer.

— Allez, Lugh. Tu me fiches la pétoche, là.

Pas de réponse. Ce devait être mes barrières mentales, décidai-je. D’une manière ou d’une autre, ma dispute avec Brian les avait fait réapparaître. Mon inconscient est tellement puissant que ça me fait parfois peur et tenter de le bousculer ne m’avait jamais réussi.

Je maudissais à présent cette partie de moi que je ne pouvais contrôler, je voulais parler à Lugh pour savoir ce qu’il pensait de la proposition de Brian. Croyait-il que j’essayais de saboter ma relation avec Brian – encore une fois – en me montrant aussi obstinée ? D’après moi, ce n’était pas le cas, mais mon jugement n’a jamais été très sûr. L’amour que je portais à Brian était sans doute plus effrayant pour moi qu’être l’hôte du roi des démons. Et à maintes reprises, j’avais été terrifiée par ce sentiment au point de faire n’importe quoi.

En vérité, je n’étais pas certaine que notre histoire aurait duré aussi longtemps sans l’aide de Lugh. Je m’étais tiré une balle dans le pied une bonne vingtaine de fois depuis que Lugh habitait dans mon corps. Si je n’avais pas eu mon petit psychanalyste à résidence, il était fort probable que je ne m’en serais même pas rendu compte.

 

La soirée fut longue et étrange. Non pas que Lugh et moi discutons constamment. Il peut se passer facilement deux jours sans que nous échangions un mot et cela ne m’avait jamais inquiétée auparavant. Mais je n’avais pas eu de signe de sa part depuis quelques heures et j’étais à deux doigts de m’arracher les cheveux.

Au moment de me coucher, je me sentais comme une junkie qui n’avait pas eu son fixe. Aussi illogique que cela puisse paraître, j’avais hâte d’être emportée par le sommeil pour parler à Lugh. Il saurait peut-être pourquoi mon inconscient avait de nouveau dressé des murailles. Et, bien sûr, je pourrais lui demander s’il pensait que j’étais une garce obstinée et autodestructrice pour avoir réagi aussi violemment à la proposition de Brian.

J’avais tellement envie de m’endormir que je rencontrai évidemment quelques difficultés. Finalement, je m’assoupis.

Quand je m’éveillai d’un sommeil sans rêves à 8 heures le lendemain matin, j’étais au bord des larmes. Depuis le début, Lugh avait été en mesure de me parler par le biais des rêves et pourtant, la nuit dernière, il ne m’avait pas rendu visite. Bon sang, mais qu’est-ce que ça voulait dire ? Je peinais à croire que mes barrières inconscientes étaient devenues assez solides pour l’empêcher de me parler dans mes songes. Je pressai une main contre ma poitrine.

— Lugh, où es-tu ? demandai-je à la chambre vide.

Il n’y eut, bien entendu, aucune réponse.

Je passai la journée à essayer de ne pas y penser. Dieu sait à quel point ça marche quand on se force à ne pas s’inquiéter…

Sans compter que la perspective d’une nouvelle expédition dans la soirée aux 7 Péchés Capitaux n’arrangeait rien. Mais je n’eus rapidement plus de raisons de m’en soucier.

Un peu après 17 heures, l’accueil m’appela pour m’informer de la présence d’Adam. Comme je ne l’attendais pas, je soupçonnai aussitôt qu’il y avait un problème. Je demandai à ce qu’on le laisse monter et je passai le temps qu’il lui fallut pour arriver à m’angoisser. J’aurais bien aimé que ces démons pensent à m’appeler de temps à autre au lieu de débarquer chez moi à l’improviste. Mais je suppose qu’il était beaucoup plus risqué d’en parler au téléphone.

L’expression d’Adam quand j’ouvris la porte confirma mes soupçons. Il y avait de la mauvaise nouvelle dans l’air. C’était la première fois que je lui voyais une mine aussi sinistre et j’éprouvai le désir lâche de le mettre à la porte et de me boucher les oreilles afin de ne pas savoir pour quelle raison il faisait cette tête. Bien sûr, ça ne sert pas à grand-chose de claquer la porte au nez d’un démon.

— C’est si grave que ça ? demandai-je en le précédant dans la cuisine pour le café rituel.

— Fichtrement grave, répondit-il tandis que je remplissais le filtre avec ce qui me restait du café de Dominic. Shae est morte.

La cuiller m’échappa des mains, parsemant le comptoir, et le sol de café.

— Quoi ? dis-je d’un air incrédule.

— Les voisins ont entendu du raffut ce matin avant l’aube. Shae et un autre type se hurlaient dessus. Apparemment, la querelle s’est envenimée et les voisins ont appelé la police. Quand les flics ont débarqué, de la fumée s’échappait des fenêtres.

— Merde !

Il ne m’avait pas annoncé que l’hôte de Shae était mort, il avait dit que Shae, le démon, était morte.

— Le feu a été assez facilement maîtrisé. Au moins, il n’y a pas d’autres victimes, poursuivit Adam d’une voix plate. L’incendie est parti de la chambre de Shae où le tueur a confectionné un petit bûcher auquel il a ajouté un peu de carburant. Pas besoin d’être un expert pour en conclure que son corps se trouvait à l’épicentre.

Je déglutis avec difficulté. L’idée de brûler vif était terrifiante et, même si je détestais Shae, je ne lui aurais, jamais souhaité une fin pareille.

— Tu es sûr que c’est elle ?

— Le corps est trop carbonisé pour l’identifier et nous allons devoir attendre les rapports dentaires pour en être certains. Mais, pour ma part, je suis sûr qu’il s’agit bien d’elle.

Je balayai de petits coups de main le café répandu sur le comptoir vers l’évier, mais j’en faisais sûrement tomber autant par terre que j’en mettais dans le bac. Je continuai malgré tout. Tant que mes mains étaient occupées, on ne pouvait voir à quel point elles tremblaient.

— Tu crois que c’est parce qu’elle m’a transmis cette information ? demandai-je.

Ma voix sonnait comme un fil sur le point de casser.

— Je ne crois pas aux coïncidences.

Ouais, moi non plus.

Je fronçai les sourcils quand une idée troublante me vint à l’esprit.

— Les assassins, peu importe qui ils sont, ont battu Mary à mort mais ils ne l’ont pas brûlée, ils n’ont pas tué son démon. Pourquoi ont-ils brûlé Shae ?

— Je n’en suis pas certain mais j’ai mon idée. Tu te rappelles à quoi ressemblait Mary ? On ne pouvait pas trouver créature plus faible et misérable. Shae n’avait rien de fragile. Peut-être ont-ils pensé qu’ils avaient besoin d’avoir recours à une solution plus définitive que tuer son hôte. Elle n’était pas le genre de personne qu’on voulait se mettre à dos.

Je comprenais sa théorie. J’époussetai le café de mes paumes avant de lancer un regard noir vers le sol. Je me demandai si mon aspirateur serait efficace sur le lino. Je ne me sentais pas de sortir la pelle et la balayette.

— Tu ne te sens pas coupable pour Shae, n’est-ce pas ? demanda Adam.

Je grimaçai.

— Bien sûr que non. Pourquoi me sentirais-je coupable alors qu’une femme a été battue à mort et une autre brûlée vive par ma faute ?

Je me baissai pour ouvrir le placard sous l’évier. Au moins, si je passais un coup de balayette, je garderais mes mains occupées. J’étais certaine d’en avoir une là-dessous.

Adam se pencha par-dessus moi et referma la porte du placard. Je sortis mes mains juste à temps. Sa présence dans mon dos était troublante.

— Je n’aurais jamais souhaité cette mort à qui que ce soit, dit-il. Mais la vérité, c’est qu’avec ses fréquentations, Shae était vouée à s’attirer des ennuis.

Je restai où je me trouvais, accroupie, le front appuyé contre les portes du placard.

— Alors c’est censé justifier le fait qu’on l’ait brûlée vive ? Elle menait une vie risquée et elle était donc destinée à être torturée à mort ? (Je haussai le ton, pas uniquement sous l’effet de la colère.) C’est comme si on disait qu’Helen Machin-Truc était destinée à être contrainte à appeler Mary sous la torture parce qu’elle se prostituait et se droguait.

Je n’ai pas l’habitude des crises d’hystérie, mais j’étais sur le point d’en faire une.

Adam m’attrapa par le bras et me releva.

— Va t’asseoir un peu, me dit-il en me poussant gentiment vers le salon. Je vais m’occuper du nettoyage et je vais nous préparer du café.

J’aurais pu m’opposer à sa proposition, mais je n’en voyais vraiment pas l’intérêt. Je traînai les pieds jusqu’au canapé où je m’assis, les bras encerclant mes jambes ramenées contre mon buste. Je m’interdisais de pleurer Shae, peu importait combien sa mort avait dû être horrible et combien je me sentais coupable.

Adam apporta enfin deux mugs. Puisque le bon café avait fini dans l’évier et sur le sol de la cuisine, nous en étions réduits à du bon vieux colombien mais, au moins, le breuvage était fraîchement passé et la tasse était d’une chaleur réconfortante entre mes mains.

— Je ne sais pas ce que va devenir le club maintenant que Shae est morte, déclara Adam en s’asseyant près de moi sur le canapé. Ce dont je suis sûr, c’est qu’il sera fermé ce soir et probablement pendant un certain temps.

Je grimaçai avant de respirer la vapeur odorante de mon café. Avoir échappé à notre excursion planifiée aux 7 Péchés Capitaux ne me brisait pas le cœur. Cependant…

— Si on ne peut pas aller débusquer de nouveaux illégaux dans le club, nous voilà revenus au point de départ. Encore une fois.

Adam crispa la bouche.

— C’est un bon résumé. Je ne sais pas ce que tu en penses, mais j’ai un mauvais pressentiment. Comme si nous n’avions pas assez de temps pour comprendre ce qui se passe avant qu’il soit trop tard.

Je devais admettre qu’il avait raison. Sans le club et sans Shae, je ne voyais pas comment mettre la main sur de nouveaux démons hors-la-loi.

Puis je pensai à la campagne de publicité « Contribuez à une noble cause » et une idée me frappa.

— Tu savais que la Société de l’esprit passait des spots publicitaires de recrutement à la télé ? demandai-je.

Adam acquiesça, la lèvre retroussée de dégoût.

— Ouais et la campagne n’est pas seulement télévisée. Elle a des affiches de recrutement partout sur les bus et dans les stations de métro.

Comme mon idée du transport public se résume au taxi, je n’avais pas vu les panneaux en question. Mais j’imaginais que beaucoup des habitants de notre belle ville ne se réjouissaient pas que ces publicités satanistes – d’après leur vision du monde – les narguent où qu’ils aillent. J’espérais qu’ils dépassaient en nombre les jeunes gens impressionnables qui, à la vue de ces affiches, pensaient : « Hé, je pourrais être un héros, moi aussi ! »

— À ton avis, quelles sont les chances que la Société de l’esprit se cache également derrière la campagne illégale de recrutement ? demandai-je.

Adam pencha la tête de côté comme s’il y réfléchissait.

— Nombreuses, répondit-il même s’il paraissait légèrement sceptique.

— Ses membres n’ont eu aucun scrupule à soutenir les expérimentations malsaines de Dougal et Raphael, fis-je remarquer.

Même si les membres de la Société de l’esprit vénéraient a priori tous les démons, les dirigeants favorisaient Dougal. Il était difficile de croire qu’ils seraient prêts à vendre toute la race humaine pour apaiser les Pouvoirs supérieurs, mais toutes les preuves concordaient en ce sens.

— Tu penses vraiment qu’ils ne seraient pas ravis d’aider Dougal et ses partisans à posséder des humains que même la police considère comme négligeables ? demandai-je.

Adam se gratta la tête – un geste de frustration.

— Bon sang ! Ils en seraient ravis. Je ne peux m’empêcher de penser que la Société de l’esprit ne respecte la loi qu’en apparence, je sais que tu as raison. Les membres de base ne savent sans doute rien de tout cela, mais les échelons supérieurs eux sont certainement au courant.

J’acquiesçai.

— Bon, eh bien, nous avons au moins une piste à suivre.

Adam arqua un sourcil.

— Cooper, encore une fois ?

Bradley Cooper était le directeur régional de la Société de l’esprit. Adam et moi l’avions interrogé une fois au sujet de son implication dans les expérimentations de Dougal et Raphael. Cooper ne s’était pas montré très coopératif et Adam avait fini par prendre temporairement possession de son corps afin de pouvoir farfouiller dans son esprit.

— Mieux vaut s’adresser directement au sommet.

Adam sourit.

— Selon toi, quelles sont les chances qu’il nous ouvre la porte si nous lui rendons visite tous les deux ?

Je réprimai un frisson. Je haïssais Cooper, à la fois pour ce qu’il incarnait, mais aussi parce que c’était une sale petite fouine. Pourtant, qu’Adam se moque de Cooper me mettait mal à l’aise. Il est vrai que posséder Cooper avait été plus charitable que tous les autres moyens que nous aurions pu utiliser pour lui soutirer des informations. Peu importait, je ne serais jamais à l’aise avec le fait de permettre qu’une personne soit possédée contre sa volonté, même temporairement.

— Faibles voire nulles, répondis-je en maîtrisant mon embarras. C’est pourquoi nous ne serons pas les deux personnes qui se présenteront à sa porte.

Péchés Capitaux
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